• Semaine 2

    Mardi matin, je rentre de voyage.

    Nous nous retrouvons mais comme des étrangers : la séparation nous a fait perdre nos automatismes à deux.

    Ce n'est pas mauvaise chose. Ce décalage nous fait constater notre manière spécifique de nous parler, des postures que l'on n'adopte pas avec d'autres. Des façons de faire qui nous semblent empruntées, fausses, étranges. Nous le constatons avec curiosité et humour. Nous sommes dans le vrai cette fois.

    Le soir même elle tente de me faire l'amour, m'enfourche péniblement et finalement s'écroule en pleurs après avoir joui : elle attend autre chose de nos étreintes et me le dit. Je ne la contredis pas. J'ai plusieurs fois tenté d'en parler en vain. Nous prenons notre plaisir l'un après l'autre. Je me laisse faire, elle m'enfourche et jouie. Puis je la prends à mon tour et je jouis, rapidemment car après sa jouissance, sa volonté et son désir sont émoussés, elle veut me voir venir vite. D'autres fois elle est désirante et sa faim nous amène à réagir vite. Cette fois nous en restons là, je tente de la rassurer.

    Samedi après midi : nous effectuons le processus décrit ci-avant. De la jouissance, pas de larmes. Tentatives pour s'embrasser. Depuis des mois, depuis deux ans ? Nos bouchent se refusent l'une à l'autre. Si je prends beaucoup de plaisir à ses lèvres, ce n'est pas son cas. Nous constatons l'impossibilité de suggérer du désir par ce biais. N'est-ce pas bizarre ? Elle a par exemple cette envie étrange de ne pas échanger nos salives.

    Mardi soir : elle m'approche doucement de ses caresses sur le ventre et la cuisse. Puis s'arrête. Recommence puis s'arrête à nouveau. La caressant également je constate qu'elle se laisse désormais faire sans réagir. Quand je la questionne, elle me répond qu'elle est agacée : je ne la laisse pas faire, elle étouffe. Je lui dis que je peux arrêter de la caresser, que je peux me laisser faire, qu'elle peut me le demander.

    Commence alors une embrouille : elle a le sentiment que je veux diriger nos ébats. Je lui fais remarquer que c'est elle qui décide depuis des mois la façon dont nous faisons l'amour. Qu'elle exige systématiquement ma passivité pour pouvoir prendre son plaisir, et refusent mes caresses et mes baisers. Il est vrai qu'il m'arrive d'être agité quand je suis content de la retrouver : je m'ébroue, je me frotte, je suis fou. ça l'incomode. Elle ne joue pas, le contact impose un rituel, c'est un échange sacré (et lourd).

    On s'est réconcilié. J'ai finalement réussi à m'endormir à ses côtés avec difficulté. Nous ne ferons pas l'amour ce soir là, parce que la tension éteint son désir. Je ressens de l'injustice. Je me sens humilié, de n'être pas l'amant qu'il faut. Ce matin je suis désagréable et je la chasse du lit. Puis je la rejoins pour m'excuser. Fatigués, nous sommes complètement démunis.

    Il nous faut alors envisager la prochaine rencontre, quand nous nous retrouverons dans un lit.

    L'angoisse nous gouverne.


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